Des températures oscillant entre 0 et 55 degrés Celcius avec le facteur éolien, 410 kilomètres à parcourir, 18 jours d’expédition, 2 points de ravitaillement, des conditions climatiques en dent-de-scie, mais surtout, le récit d’expédition d’un homme volontaire qui entretient un rapport au territoire nord-côtier profondément humaniste.
Simon Proulx « n’a pas suivi l’aiguille de sa boussole pour aller voir ce qu’elle montre obstinément… le nord!; il a suivi l’orientation de son être » en parcourant en ski de fond, du 9 au 25 mars 1990, l’immense distance qui sépare Port-Cartier de Fermont.
Ce cahier met à l’honneur l’écriture d’Yves Thériault dans le roman La Passe-au-Crachin, paru en 1972 chez Ferron éditeur. Cette œuvre s’est vite imposée à cause de son propos, nettement nord-côtier, qui était presque tombé dans l’oubli au profit d’autres œuvres phares de Thériault, alors qu’il permet d’alimenter la réflexion sur le traitement de l’imaginaire du territoire couvert par les travaux du groupe de recherche.
L’œuvre de Thériault est par conséquent précédée d’une introduction qui s’attarde à la représentation de la Côte-Nord dans le récit par le biais des dimensions référentielle, poétique et symbolique. Un dossier critique, alimenté par Francis Langevin et le spécialiste d’Yves Thériault, Renald Bérubé, accompagne également la reproduction de La Passe-au-Crachin.
Le récit d’Emmanuel Crespel sur les côtes d’Anticosti en novembre 1736, écrit sous forme de lettres, constitue l’un des plus spectaculaires récits de naufrage de la Nouvelle-France. D’abord publié en français en Allemagne en 1742, il a rapidement connu un large succès d’édition européen. Paru à Québec en 1808, il n’avait pas bénéficié d’une nouvelle introduction depuis 1884.
Avec ce récit, le lecteur pénètre dans la mythologie de l’île d’Anticosti, immense obstacle au milieu du Saint-Laurent que les auteurs n’ont cessé de qualifier tour à tour, au cours des siècles, de « cimetière du Golfe » tellement les navires s’y sont l’un après l’autre échoués à leur arrivée en Amérique. Chez Crespel, ce sont contre le froid, la faim, le vent, le gel, le manque de nourriture et la maladie que les marins luttent héroïquement et souvent, tragiquement.
À l'été 1858, l'abbé historien Jean-Baptiste-Antoine Ferland s'en va en mission au Labrador, la Basse Côte-Nord d'aujourd'hui. Il publie en 1863 un des premiers grands textes du corpus nord-côtier, son récit de voyage Le Labrador. Pour la première fois, le littoral visité, entre Mingan et Blanc-Sablon, allait offrir à un écrivain des opportunités : de sens et de formes.
Aujourd'hui encore, Le Labrador de Ferland reste intéressant : sûrement pour sa dimension ethnographique, mais aussi parce qu'on y découvre un homme des lettres qui prend position. Et le narrateur s'y révèle à son meilleur : il sait décrire et raconter, avec finesse et avec humour.